De Bas-Bijou au faubourg à tuyaux
illustration Kaël Mercader
par Amélie Audet
Qui n’a pas déjà entendu certains des surnoms que l’on donne à notre quartier de la Basse-Ville? Bas-Bijou, Boisseauville, Brasse-Ville, Saint-Sueur, Saint-Sauve-toé, le Faubourg-à-Tuyaux ou encore la Butte-à-Moineaux: il est probable que vous-mêmes les utilisiez. Mais quelle est leur signification et leur origine? Pour répondre à cette question, un petit cours d’histoire s’impose!
De Bas-Bijou au Faubourg-à-Tuyaux
Au tournant du 19e siècle, avant la création du quartier, de vastes domaines occupent des terres sur lesquelles se déroule une vie campagnarde. L’un d’eux recouvrait notamment les environs de ce qui est aujourd’hui l’église Saint-Sauveur et se nommait Bas-Bijou (ou encore les marécages de Bas-Bijou, puisqu’on y trouvait plusieurs marécages). C’est l’origine du premier surnom de notre quartier !
Vers 1845, Pierre Boisseau rachète le domaine, y fait dessiner des rues et vend les premiers terrains de ce qui deviendra le village indépendant de Boisseauville. Le nom vous dit quelque chose?
Au cours de la seconde moitié du 19e siècle, le secteur est également surnommé le Faubourg-à-Tuyaux. Pourquoi? Parce que de la Haute-Ville, on voyait de nombreux tuyaux s’élever des maisons d’en bas. Ces signes des systèmes de chauffage construits avec peu de moyens contrastaient avec les cheminées bien propres de la Haute-Ville.
Des surnoms peu glorieux pendant l’urbanisation
Au cours du siècle suivant, le village se développe. En 1930, les conditions de vie dans ce quartier ouvrier sont pénibles : la population est pauvre, le niveau d’éducation est bas et rien n’indique que cela va changer. Plusieurs citoyens-nes de Saint-Sauveur rêvent de quitter la Basse-Ville et de connaître une vie plus confortable, dans des logements plus grands et mieux équipés. Cette aspiration à quitter le quartier est exprimée par des surnoms tels que Brasse-Ville, Saint-Sueur, Saint-Sauve-toé ou encore Saint-Sauveur-Viarge. Dans ces derniers, on entend les stéréotypes à propos d’une population peu éduquée. C’est aussi le symbole des rivalités qui s’opéraient entre paroisses : les paroissiens de Saint-Roch se moquaient de la présence importante de la vierge Marie dans les différents rituels religieux dans Saint-Sauveur.
Après la Seconde Guerre mondiale, Saint-Sauve-toé devient possible : les salaires augmentent et les résidents-es qui le peuvent s’exilent pour aller vivre la si convoitée vie de banlieue.
Il n’en demeure pas moins que la réalité du quartier à cette même époque a aussi son penchant positif. Des gens le surnomment affectueusement la Butte-à-Moineaux, puisqu’on connaît tous ses voisins, les gens parlent d’un balcon à un autre, il y a du bruit, la vie bouge… Bref, ça piaille !
C’est ainsi que ces surnoms, utilisés le plus souvent de manière affectueuse et transmis par nos parents et nos grands-parents, font encore aujourd’hui partie courante de notre vocabulaire.
Pour ou contre Saint-Sô???
Nous réservons un article dans la prochaine édition juste pour ce surnom controversé. P’tit nom sympa pour les uns-es, synonyme de gentrification pour les autres, on veut savoir ce que vous en pensez! Écrivez à info@cccqss.org pour vous prononcer!