Le Comité des citoyens et citoyennes du quartier de Saint-Sauveur aura bientôt 50 ans! Nous retraçons ici les grandes lignes de son histoire ainsi que plusieurs de ses contributions au quartier de Saint-Sauveur.
1969-1979
Le Comité des citoyens et citoyennes du quartier de Saint-Sauveur voit le jour en 1969, en reproduisant le modèle du Comité des citoyens-nes de l’Aire 10 (celui-ci luttait à l’époque contre les destructions massives par bulldozer, par l’administration du maire Lamontagne, du quartier populaire de St-Roch au centre-ville de Québec).
Un premier grand dossier qui anime le Comité pendant sa première décennie d’existence est sans contredit celui des rénovations urbaines. À ce moment, il réussit à mettre sur pied une forte mobilisation citoyenne et force avec succès la ville de Québec à rénover le quartier de Saint-Sauveur sud par subventions de rénovation des maisons en piètre état (plutôt que par leur démolition massive).
Les autres préoccupations du Comité à l’époque sont : la réappropriation du quartier par ses résident-e-s, les équipements communautaires, la défense des droits des locataires, la construction de logements sociaux (HLM et coopératives), les conditions de vie des plus démuni-e-s et la lutte contre l’analphabétisme. Voici quelques-unes de ses réalisations au cours de cette période:
– mise en place d’un plan de zonage qui consacre le caractère résidentiel du quartier St-Sauveur (qui,
entre autres, limitera à 3étages la hauteur maximale permise pour les édifices au sud du boul. Charest);
– création du parc Durocher avec une aire de jeux pour enfants;
– abandon de la démolition du carré Chénier (45 logements allaient être rasés pour faire place à la construction d’un stationnement);
– construction du HLM Boisseau à une meilleure dimension humaine (en réaction à la construction, alors récente, des HLM St-Pie X à Maizerets);
– reconstruction de l’escalier Victoria;
– abandon du projet d’autoroute de la Falaise;
– relocalisation des garages des autobus urbains;
– mise sur pied des premières coopératives d’habitation du quartier et
– participation à la fondation du FRAPRU (Front d’action populaire en réaménagement urbain : un groupe provincial consacré à la lutte pour le droit au logement).
1980-1989
Pendant sa deuxième décennie d’existence, le Comité se penche de manière plus approfondie sur les divers problèmes de logement vécus par les résident-e-s du quartier : logements insalubres (taudis), manque de logements abordables, hausse excessive de loyers, etc. C’est ainsi que le Comité décide de s’investir à fond dans la défense du droit à un logement décent et abordable.
Voici les principales actions et réalisations du Comité sur la question du logement lors de cette période :
– inauguration d’un service permanent d’aide aux locataires (dépannage téléphonique et accompagnement à la Régie du logement);
– sensibilisation des locataires sur leurs droits;
– information aux locataires sur les divers moyens d’accès à la propriété;
– poursuite et intensification de l’engagement dans le développement des coopératives d’habitation;
– obtention d’ajustements majeurs aux critères de sélection pour l’obtention d’un HLM (prise en compte de certaines situations d’urgence, inclusion de critères psychosociaux);
– poursuite de la conscientisation de la Ville de Québec à l’importance de la dimension humaine des HLM et de leur bonne intégration au quartier et
– lutte contre le harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes locataires.
Aussi, tout au long de cette décennie, le Comité porte plusieurs revendications sur différents aspects de l’accessibilité des logements et mobilise les citoyen-ne-s du quartier dans ce sens, dont pour:
– une allocation-logement universelle pour tous les ménages démunis ayant un problème de logement;
– la construction de 1000 nouvelles unités de HLM;
– une meilleure qualité de vie au sein des HLM;
– un contrôle universel et obligatoire du coût des loyer et
– l’abolition de certains critères discriminatoires de sélection pour l’obtention d’un HLM (pour les femmes, les immigrant-e-s et les sans-abris).
Cela étant dit, le Comité continue toujours de s’impliquer pour l’amélioration de la qualité de vie des résident-e-s du quartier. Grâce à son action et à la mobilisation citoyenne, il obtient notamment le réaménagement du parc Durocher (meilleure accessibilité et amélioration des infrastructures), le déménagement des écuries de la rue Lafayette, la rénovation de certains trottoirs et la modification d’un parcours d’autobus.
Il intervient également dans les affaires municipales pour faire valoir le point de vue des résident-e-s, suite au dépôt du plan de restructuration de la circulation et du stationnement par la Ville de Québec (en 1987), puis lors de l’élaboration du plan directeur de développement du quartier, aussi par la Ville (en 1987). Lors de ces deux occasions, le Comité organise des assemblées publiques et réussit à mobiliser des centaines de citoyen-ne-s. Un certain nombre de revendications qui y sont faites par les citoyen-ne-s sera par la suite retenu par la Ville.
Enfin, la décennie 80 est également caractérisée par l’intérêt que porte le Comité à la situation de précarité que vivent les jeunes sans emploi. Différentes initiatives sont mises en place par le sous-comité « jobs-jeunes » pour lutter contre la pauvreté des jeunes (démolition de vieux hangars, nettoyage des arrière-cours, mise sur pied de coopératives de travailleurs et création de groupes d’entraide) et pour créer de nouveaux emplois (entre autres via un programme de collaboration avec Moisson Québec).
Un premier grand enjeu qui marque la décennie 90 pour le Comité est celui de l’emploi et de la lutte contre la pauvreté.
Sur la question de l’emploi, le Comité travaille activement en concertation avec les milieux communautaire, syndical, et entrepreneurial. Il entame aussi recherche et formations pour mieux saisir les différentes problématiques liées au chômage vécues par les résident-e-s du quartier. Enfin. il contribue à mettre sur pied des projets facilitant l’insertion en emploi.
Sur la question de la pauvreté, le Comité joint la Coalition DROIT (à Québec) qui travaille pour une réforme juste et équitable de la Loi sur la sécurité du revenu (aide sociale). Le Comité participe aussi, avec d’autres groupes, à la création d’un projet de loi visant l’élimination de la pauvreté ( la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale sera finalement adoptée en 2002 par le gouvernement du Québec).
Autrement, pendant cette période, le Comité décide d’intervenir davantage au niveau de l’environnement et de l’aménagement d’espaces verts. Le Comité travaille notamment sur les dossiers de la décontamination du terrain de l’ancienne usine à gaz de la rue Verdun, du réaménagement du parc Durocher, du nettoyage de la falaise (coteau Sainte-Geneviève), et de la revitalisation de la rivière Saint-Charles.
Enfin, les autres dossiers et enjeux pour lesquels le Comité s’implique entre 1989 et 1999 sont :
– la sauvegarde de l’École Sacré-Coeur (implication dans le comité de sauvegarde de l’école, menacée pour une 2e fois de fermeture en 1991-1992… la Ville recule finalement et accepte d’investir dans des rénovations);
– la poursuite de la lutte contre la discrimination et le harcèlement sexuel envers les femmes locataires
– l’organisation de la fête annuelle de quartier Saint-Sauveur en fleurs, en collaboration avec l’Association des gens d’affaires de la rue Saint-Vallier Ouest (AGASO) (la première édition a lieu en 1996) et
– l’organisation de la première édition de Saint-Sauveur en Fête (en 1999).
Au cours des années 2000, la ville de Québec fait face à une crise du logement qui affecte particulièrement les ménages les plus démunis (hausse majeure des loyers, faible taux d’inoccupation des logements, reprise de logement par les propriétaires, baisse du financement gouvernemental pour la construction de nouveaux logement sociaux, etc.). Le Comité remet donc au cœur de ses préoccupations la question du droit au logement décent et abordable. Voici quelques-unes des actions qu’il a réalisées et des revendications qu’il a portées en lien avec le droit au logement au cours des 15 dernières années :
– information et sensibilisation des locataires à leurs droits;
– reprise de l’engagement à développer des coopératives d’habitation;
– développement d’un programme d’accès à la propriété pour les ménages à faible revenus (la SAAM a été en vigueur de 2000 à 2013)
-revendication de l’inclusion obligatoire de 30% de logement social dans tout nouveau projet domiciliaire à Québec;
– revendication de la mise en place par la Ville de Québec d’une réserve foncière dédiée uniquement à la construction de nouvelles unités de logement social;
– revendication du maintien du financement provincial pour le logement social, et du réinvestissement du gouvernement fédéral dans le logement social, et
– revendication pour que la Ville de Québec contrôle les hausses de loyer ayant lieu suite à des rénovations majeures de logements.
D’autre part, le Comité poursuit au cours des années 2000 son engagement sur les questions de l’aménagement urbain et de l’environnement. Les îlots de chaleur, la préservation des espaces verts (Parc Dollard-des-Ormeaux, Parc Lionel-Bertrand), la réfection du boul. Charest ouest (2004-2007) et la circulation de transit font partie des dossiers dans lesquels il s’investit. Autrement, en 2011, le Comité a initié une démarche citoyenne afin d’élaborer un Plan de mobilité durable du quartier Saint-Sauveur (PMDQ) (lien pour en savoir plus).
Aussi, en 2006-2007, l’École primaire Sacré-Coeur est menacée de fermeture pour une 3e fois. Le Comité se mobilise et réussit à empêcher sa fermeture.
Autrement, le Comité intensifie son implication dans la vie de quartier de Saint-Sauveur :
– en 2006, le journal Le Carillon est mis sur pied (lien);
– Saint-Sauveur en fleurs et Saint-Sauveur en fête deviennent deux événements annuels dont le Comité assure en partie l’organisation (lien) et
– depuis 2013, le Comité participe à l’organisation du Marché public qui prend vie au Parc Durocher pour la période estivale (lien).
*** Cet historique est inspiré du livre d’Hubert Fortin (2014) : Moi j’reste dans Saint-Sauveur : Histoire du Comité des citoyens et citoyennes de Saint-Sauveur, Collectif québécois d’édition populaire, Québec, 232p. ***