En 1969, une femme de 21 ans met le CCCQSS sur pied.
Automne 1968, Danielle Boulanger, qui a à peine 21 ans, entreprend des démarches pour fonder un comité de citoyens et citoyennes dans le quartier. Elle rencontre Jean Lapointe, du Comité de l’Aire 10 dans Saint-Roch. Danielle s’inspire aussi de Saul Alinsky, un militant-essayiste renommé qui explique comment mettre en valeur les luttes dans les quartiers populaires de la ville de Chicago.
On entendait parler des luttes du comité de l’Aire 10 (quartier Saint-Roch), de celles des comités de citoyens·nes de Montréal, des revendications et actions syndicales partout au Québec et bien d’autres.
C’était une période de bouillonnement politique. Pour sa part, le quartier Saint-Sauveur était tricoté serré. Danielle croyait fermement que c’était un milieu propice à la fondation d’un comité de citoyens·nes permettant aux gens de ce quartier ouvrier de cesser de « subir » pour
prendre leur destin en main.
Alors étudiante à temps plein en économie, Danielle consacre tout son temps libre à la fondation du CCCQSS. À l’hiver 1969, elle met fin à ses études afin de se consacrer entièrement à ce projet. L’organisme Action Sociale Jeunesse Québec lui verse alors un salaire durant quelques mois. Ensuite, Louise Fortin la remplacera comme animatrice du CCCQSS.
À partir de ce moment, ses premières actions concrètes ont été d’imprimer des feuillets à l’aide d’une « Ronéo ». Ceux-ci abordaient la nécessité d’avoir un comité de citoyens·nes dans Saint-Sauveur. Elle les distribuait dans les six paroisses du quartier : dans les épiceries, les tabagies, les « Lavomats », à la sortie de la messe…
C’était une occasion de rencontrer les gens et de discuter. Danielle consacrait tout son temps à ces journées et soirées entières d’échanges.
La première rencontre du CCCQSS s’est tenue le lundi 3 février 1969, au Centre Durocher. La réunion portait sur les problèmes du quartier qui étaient négligés par la Ville. D’autres rencontres ont eu lieu ensuite dans les locaux de l’ACEF (association coopérative d’économie familiale). Son directeur d’alors, Gilbert Hamel, les accueillait avec plaisir. Puis, le CCCQSS a trouvé un local sur la rue Boisseau.
La première lutte du Comité a été de désasphalter la rue Dollard, qui passait entre le Centre Durocher et le parc Durocher, pour que le parc soit plus vert et plus spacieux. Ce combat fut la première victoire du Comité. Comme l’a dit Danielle : « On peut donner du poisson à quelqu’un
pour le nourrir, mais le Comité, ça a été la canne à pêche du quartier »