Saint-Sauveuroises dans la rue
Par Maëva Lucas
Un espace sécuritaire et inclusif pour se solidariser autour d’enjeux féministes !
Peut-être avez-vous entendu résonner dernièrement, dans les rues de Saint-Sauveur, des échos de voix porteuses de messages forts concernant les enjeux féministes du quartier ? Ou encore avez-vous vu flotter dans l’air des patches de tissus sur lesquelles étaient imprimés des slogans en lien avec la mobilité ? C’est bien possible, puisque le 15 septembre dernier avait lieu Saint-Sauveuroises dans la rue, un événement féministe festif réunissant plus d’une soixantaine de femmes et de personnes de la diversité de genre et sexuelle. Cette rencontre visait à explorer collectivement les enjeux de déplacements dans le quartier.
Une diversité de médiums d’expression pour une meilleure communication
Piétonnes, cyclistes, femmes en fauteuil roulant ou à mobilité réduite, se sont mobilisées pour venir s’exprimer sur les enjeux de mobilité vécus dans Saint-Sauveur. Que ce soit lors d’un atelier de cartographie émotionnelle, de discussions informelles autour d’un hot dog, entre l’impression de deux patches féministes, ou encore lors du micro-ouvert, tous les outils étaient mis à disposition pour que chacune se sentent en confiance d’exprimer ses revendications librement.
Cartographie émotionnelle : Ateliers permettant aux participant⋅e⋅s d’explorer les émotions ressenties lorsqu’ils ou elles se déplacent dans un quartier en les identifiant sur une carte à l’aide d’autocollants, de post-its, ou de marqueurs divers.
Un safe space en non-mixité choisie qui ouvrait la porte aux révélations
L’atmosphère sécuritaire et inclusif qui régnait lors de l’événement a permis aux participant⋅e⋅s de se confier, d’exprimer des injustices, et de réfléchir aux privilèges liés à la mobilité. Il a également permis de se partager entre elles et eux des stratégies et des solutions par rapport aux inégalités de genre en matière de déplacements dans Saint-Sauveur.
En créant ces espaces en non-mixité choisie, on redonne la parole à des personnes qui sont sous-représentées dans les domaines de l’aménagement, du transport, et dans les instances de pouvoir. Cela a également permis d’entendre et de légitimer leurs voix, qui sont, on ne le dira jamais assez, nécessaires dans l’atteinte d’une mobilité inclusive. Il s’agit parfois même d’espaces tremplin pour ensuite réintégrer le monde mixte avec davantage de confiance. La non-mixité choisie n’est pas un but en soi, mais plutôt un moyen de soulever des questionnements en lien avec le sexisme systémique et de se solidariser autour d’enjeux communs, tels que les inégalités de genre dans le milieu de la mobilité.
Se déplacer en toute sécurité dans son quartier, un droit fondamental !
Que ce soit à pied, à vélo, en trottinette, en fauteuil roulant, seule ou accompagnée, de jour comme de soir, se déplacer dans son quartier est un droit. D’ailleurs, l’exercice de plusieurs autres droits fondamentaux, tels que l’accès aux soins de santé, aux services sociaux et communautaires, à l’alimentation, au logement, en dépend directement.
Au-delà des statistiques désolantes concernant les aménagements piétons et cyclables du quartier Saint-Sauveur, plusieurs enjeux clés ont été pointés durant la soirée. Au top du palmarès, sans grand étonnement, les enjeux liés à l’insécurité urbaine. Plusieurs autres enjeux prioritaires ont aussi été abordés, tels que ceux liés à la fracture physique entre la Basse-ville et la Haute-ville, au mauvais état des routes et des trottoirs du quartier, aux artères et intersections accidentogènes, au transport adapté et au manque d’accessibilité universelle à certains commerces, à la stigmatisation des corps qui ne correspondent pas à la norme, aux inégalités de genres dans l’univers cycliste, et finalement au fait que Québec soit une «ville de chars» !
Un Fanzine pour amener les réflexions plus loin
À la suite de l’évènement, le comité de Femmes et mobilité a réalisé un fanzine sur la thématique de la mobilité féministe, regroupant les témoignages livrés lors des activités de Saint-Sauveuroises dans la rue. L’objectif derrière ça, s’assurer que les réflexions continuent de faire leur bout de chemin, en espérant qu’ils fassent écho et se rendent jusqu’aux oreilles de nos décideurs⋅euses.
Vous souhaitez vous procurer une copie du fanzine? Participez à la soirée de lancement, qui aura lieu le 29 mars prochain au Dôme (20, boulevard Charest Est) en formule 5 à 7! Venez en apprendre davantage sur les enjeux de mobilité dans une perspective féministe, autour d’une soirée de sensibilisation conviviale et inclusive.
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