L’autobus coûte trop cher à Québec !
Par Catherine Rainville, du Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ)
Lorsqu’on entend parler de transport en commun, il est plus souvent question de l’amélioration de son efficacité, de son confort ou de sa desserte*. Tout cela mérite qu’on s’y attarde. Cependant, il est temps qu’on discute d’un élément essentiel et déterminant pour plusieurs personnes : le prix du billet d’autobus !
Pour plusieurs milliers de citoyens·nes à faible revenu de notre ville, une voiture est absolument hors de prix. Le transport en commun est leur seule option pour la plupart de leurs déplacements.
Pourtant, lorsqu’on peine à joindre les deux bouts et qu’il est déjà difficile de subvenir aux besoins essentiels (logement, nourriture, électricité, vêtements, etc.), le budget disponible à consacrer aux déplacements est vraiment minuscule.
Tellement minuscule qu’un laissez-passer mensuel à 89,50 $ reste souvent inaccessible. Et tellement minuscule que quelques passages à plus de 3 $ chacun (3,50 $ si on paie en espèce) défoncent rapidement le budget alloué au transport.
À Québec, notre transport en commun est définitivement trop cher pour beaucoup trop de monde.
C’est cher… et problématique !
Ce coût important fait en sorte que les personnes à faible revenu doivent souvent s’empêcher de se déplacer. Lorsque leurs déplacements sont nécessaires, elles doivent couper dans leurs besoins essentiels ou, encore, s’endetter.
Cela peut entraîner plusieurs conséquences négatives pour elles telles que :
- l’insécurité alimentaire;
- la persistance de la pauvreté et la perte d’opportunités d’emploi;
- l’isolement social et la fragilisation de la santé mentale;
- la fragilisation de la santé physique (réduction des déplacements nécessaires vers les services de santé).
Il faut agir ! Heureusement, des solutions existent.
Avez-vous déjà entendu parler de la «tarification sociale sur le revenu»? Il s’agit d’une mesure offrant une réduction sur les tarifs de transport en commun à l’ensemble des personnes à faible revenu. C’est une mesure d’équité sociale, puisqu’elle offre à chaque personne le tarif qu’elle peut vraiment se permettre, plutôt que le même tarif à tout le monde.
Au TRAAQ, nous soutenons qu’une tarification sociale offrant une réduction d’au moins 50 % serait une excellente solution pour régler une bonne partie du problème du coût élevé du transport en commun.
Elle existe déjà dans plusieurs villes dans le monde, mais aussi plus près de chez nous à Calgary, à Edmonton, à Ottawa… et même à Gatineau. Les différentes évaluations démontrent que la tarification sociale a des impacts réels et positifs pour les personnes admissibles et qu’elle permet d’augmenter leurs déplacements !
Ainsi, l’implantation de la tarification sociale améliorerait concrètement les conditions de vie de plusieurs milliers de personnes dans notre ville. Espérons que la Ville de Québec emboîte rapidement le pas et devienne un modèle de lutte à la pauvreté pour l’ensemble de la province, à l’instar de Gatineau ! •