Démolition du Centre Durocher : une injustice sur la place publique
Malgré le formidable appui de centaines de citoyennes et citoyens, 50 commerçants, 200 artistes, 15 organismes communautaires, de la communauté des Oblats Marie-de-l’Immaculée, d’Action Patrimoine, du Conseil de la culture Chaudière-Appalaches, de Démocratie Québec, de la députée de Taschereau Madame Agnès Maltais et de Québec Solidaire, rien n’est venu à bout de faire changer la décision de notre conseillère municipale, Madame Chantale Gilbert et du maire, Monsieur Régis Labeaume d’appuyer la démolition de l’édifice patrimonial du Centre Durocher.
Le 12 septembre 2016, la pelle mécanique a crevé le cœur de notre quartier. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de l’en empêcher.
Rappelons que pour préserver ce patrimoine communautaire inauguré en 1947 et payé par les paroissiens et les paroissiennes du quartier, le CCCQSS avait proposé à la Ville en décembre 2014 d’aménager une Maison de la culture et de transférer le projet d’habitation sur un terrain de stationnement situé à proximité. Ce projet comporterait une grande salle polyvalente sur deux niveaux, une bibliothèque ouverte sur le parc Durocher, des salles multifonctionnelles pour la création, la diffusion et l’animation culturelle, deux salles d’exposition, un CPE avec aire de jeux, et de terrasses amovibles pour accueillir un marché public en été.
Rester de glace devant la mobilisation
Pendant 2 ans, des citoyens et citoyennes, impliqués au CCCQSS, ont inlassablement rassemblé toute une communauté autour de ce projet qui répond aux besoins éducatifs, culturels et sociaux du quartier Saint-Sauveur. Le Conseil de quartier de Saint-Sauveur a même réalisé en juin 2015 une assemblée publique où un large consensus a été dégagé sur la nécessité d’implanter ce projet au cœur de notre quartier.
Dans ce contexte, il est consternant de penser que, pendant ces deux années, l’administration municipale en place n’a jamais voulu recevoir les représentants du projet, préférant tour à tour les désinformer, rabaisser, insulter et railler, les réduisant ainsi au simple rôle de contestataires. Et ce, même si d’éminents professeurs d’université spécialisés en éducation, en art, en architecture ou en patrimoine, ont plaidé publiquement pour que la Ville prenne le temps de considérer la proposition du CCCQSS. Il faut avoir le courage d’aller poser des questions aux séances du Conseil municipal pour constater le mépris avec lequel nos élus nous reçoivent.
Au fil des deux dernières années, l’administration Labeaume a résolument préféré ignorer l’élan d’une communauté mobilisée autour d’un projet porteur que de s’asseoir avec ceux et celles qui le défende. La Ville a même poussé l’insulte jusqu’à ne daigner répondre à l’invitation des pères Oblats, fondateurs du Centre Durocher. Par deux fois, en août et en octobre dernier, ils ont pourtant invité la Ville à s’asseoir avec la Corporation du Centre Durocher, le CCCQSS et Action-Habitation (les promoteurs du projet d’habitation).
Le cri du coeur de la dernière chance
Face à l’arrogance de notre conseillère municipale et de notre maire dans ce dossier, les citoyens et les citoyennes n’ont eu d’autres choix que de prendre la seule place que la Ville de Québec leur laisse : la rue. Plus de 200 personnes se sont donc rassemblées le 11 septembre dernier pour réclamer haut et fort la suspension du permis de démolition du Centre Durocher et que la Ville accepte de rencontrer les pères Oblats.
Mais la Ville a décidé tout simplement de faire fi des règles fondamentales d’écoute et de consultation de sa population, tout comme celles de tenir compte de l’avis des organismes, des professionnels et des commerçants du milieu, ainsi que de celui des pères Oblats, fondateurs de l’œuvre. Ces derniers souhaitaient aussi que le Centre Durocher survive en l’aménageant en Maison de la culture.
L’injustice de la décision municipale d’appuyer la démolition de cette place publique et communautaire est troublante. Et elle questionne la légitimité qu’ont nos élus à conduire les affaires municipales lorsqu’ils procèdent de manière si autoritaire qu’il ne reste que la rue comme lieu de prise de parole publique. Cela témoigne, de la part du maire et la conseillère municipale, d’une vision archaïque de la pratique municipale. Il serait alors profitable, pour ne pas alimenter le cynisme collectif, qu’ils atterrissent en 2016 en respectant les principes démocratiques.
Auteur : Éric Martin
Date : novembre 2016
Texte publié dans le journal Le Carillon disponible en ligne: https://cccqss.org/wp-content/uploads/2016/11/2016-11_CARILLON_FINAL.pdf