Tendres regards sur un quartier mal-aimé
« Vivre Saint-Sauveur » est une série vidéo en ligne jetant un regard humain et affectueux sur le quartier Saint-Sauveur. Situé dans la Basse-Ville de Québec, ce quartier est considéré comme l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville. À l’heure où Saint-Sauveur se pointe dans la mire des décideurs et développeurs et que le quartier montre certains signes d’embourgeoisement, la vision des résidents est d’autant plus intéressante. Produite par le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, la série a pris forme dans l’œil de la caméra du cinéaste Stéphane Lahoud.
À travers six courts portraits vidéos, nous découvrons des gens de Saint-Sauveur, d’âges et d’horizons divers. Tour à tour, ces derniers se racontent, nous partagent leurs réflexions, leurs désirs, leurs préoccupations… et leurs coups de cœur. Question de s’amuser un brin, les internautes pourront s’improviser détectives et tenter d’identifier le « documenteur » qui s’est faufilé dans la série. Parmi les six portraits vidéo se trouve un personnage fictif. Saurez-vous le démasquer ?
Les poubelles pleines de trésors
https://vimeo.com/57333446
Luthier autodidacte, musicien et magicien du recyclage, Michel Fafard est l’artisan créatif derrière Musicolab. Dans son atelier, humblement et passionnément, il exploite une richesse méconnue de Saint-Sauveur. Se servant d’objets récupérés dans les poubelles du quartier, il fabrique des instruments magnifiques, originaux et inusités. « Ici dans la rue, j’ai trouvé plus de choses que partout ailleurs », dit-il. Ayant vécu « son bon temps comme musicien », dans les années 60, l’ancien guitariste des Chevelles, pose un regard quelque peu nostalgique sur la vie de quartier dont les dynamiques se sont transformées.
L’Art de vivre Saint-Sauveur
https://vimeo.com/57273201
Etienne Therrien-Côté, ETC de son nom de plume, est un artiste urbain issu du Bas-du-Fleuve. Comme bon nombre de ses concitoyens, il a d’abord choisi Saint-Sauveur parce qu’il pouvait s’y loger sans se ruiner. « Après, j’suis resté parce j’trouve que ça vit, qu’il y a un bon esprit », dit-il, appréciant de son quartier la possibilité d’y entretenir des relations significatives et concrètes. Planchiste, Etc se préoccupe de circulation, d’avoir des déplacements libres et sécuritaires ainsi que du partage de la route dans le quartier. Peut-être pourrait-il « laisser sa marque » à travers un projet tel que le Plan de mobilité durable de quartier mené par le Comité ?
Un refuge où vivre son cœur
https://vimeo.com/57276998
Avec humour, Huguette Boucher nous invite sur les traces du bonheur… Ces « instants magiques qui nous élèvent, nous font décoller du plancher », dit-elle les yeux pétillants. Elle nous décrit ses bonheurs simples, ceux qu’elle trouve au quotidien dans Saint-Sauveur. Femme d’un certain âge aux ardeurs parfois ralenties par le corps, mais à l’esprit vif et au cœur jeune, Huguette partage ses réflexions sur le quartier où elle s’est réfugiée « pour se décompliquer la vie ». Tantôt terre-à-terre, tantôt philosophe, elle dépeint avec poésie la mixité sociale de notre quartier et ses richesse humaines. « C’est un endroit où je peux vivre mon cœur et avec mon cœur », dit-elle de si belle façon.
Un quartier où il fait bon grandir
https://vimeo.com/57252883
Du haut de ses 11 ans, Jasmine Gadoury pose un regard lucide et généralement positif sur le quartier dans le lequel elle évolue depuis toujours. Elle y décrit les dynamiques et les opportunités : « Dans mon bloc à moi, tout le monde se connaît. Ils viennent manger chez moi des fois. On est comme un quartier. » Les yeux brillants, la jeune fille qui attend avec impatience ses 12 ans, nous raconte comment son implication à Jeunes Musiciens du monde l’a emmené, à l’été 2012, sur une scène des Plaines d’Abraham au côté de Roger Waters, célèbre membre du groupe Pink Floyd. « C’est un bon quartier où tu peux t’impliquer dans plusieurs choses. Vraiment ! »
À un poil d’être résidant du quartier
https://vimeo.com/57282716
« On peut dire que le travail ne fait pas tomber les cheveux », nous dit Florian Collin, qui tient un salon de coiffure pour hommes. Depuis plus de 40 ans, ce dernier coupe et coiffe des cheveux dans Saint-Sauveur, le quartier qui lui a donné sa première chance alors qu’il n’avait que 17 ans. Bien qu’il habite L’Ancienne-Lorette, c’est ici, que Florian a décidé un jour, de partir à son compte et qu’il a développé des liens significatifs. « C’est ça ma vie, c’est le travail », dit cet amateur de sport, doux et passionné en racontant comment ses clients sont devenus ses amis. Au fil de l’entrevue, nous sommes témoins de son appartenance particulière et très forte envers le quartier. Malgré une expérience troublante de vol à main armée en 2009 et l’obligation de se relocaliser en 2013 puisque l’immeuble qui abrite son salon sera converti en condominium, le cœur de Florian demeure solidement ancré dans Saint-Sauveur. « Je suis plus chez moi ici, que mon chez nous à ma maison ».
Autour d’un parc… Identité, solidarité et communauté
https://vimeo.com/57324884
Née au Brésil, Flavia Nascimento s’est enracinée dans Saint-Sauveur il y a 7 ans. « C’est ici que j’ai retrouvé ma vie de quartier, de communauté », nous raconte cette femme magnifiquement expressive. Travailleuse autonome, mère de famille, chef de groupe de percussion, artiste multidisciplinaire et clown à ses heures, Flavia utilise différentes formes d’art et propose des ateliers en collaboration avec divers organismes du milieu. Disant « je ne viens pas d’un pays de premier monde », elle pose un regard des plus intéressants sur la pauvreté, la vie de quartier et la « sécurité communautaire ». Tout comme les personnes s’impliquant au Comité, elle aborde le développement du quartier avec la préoccupation de voir les décideurs « travailler par-dessus quelque chose qui est déjà là, mais pas refaire complètement ».
Alors… Êtes-vous parvenus à démasquer le « documenteur » ? Cliquez sur le document PDF pour le découvrir http://www.cccqss.org/IMG/pdf/ETC-2.pdf